Comme nous, une fois passées les rails, ils avancèrent
L’horreur les envahit quand ils comprirent qu’un symbole d’inhumanité se dressait là, devant eux
Le vent qui balayait leur visage semblait encore contenir nos cris et nos sanglots
Devant cet amas de roches, ils se tenaient, percevant le désespoir qui se trouvait à ce même endroit, des années de cela
Comme nous dans ce long couloir ils s’engagèrent
La peur, l’effroi, la mort étaient encore perceptibles au creux des murs et du sol.
Le bout de ciel bleu qu’ils apercevaient au dessus d’eux et à travers les barbelés venait de prendre un autre sens
Comme une lueur d’espoir dans un lieu où il a disparu
Comme nous ce grand bloc sombre ils regardèrent
Immobiles et silencieux, se sentant soudain minuscules, alors ils comprirent
Ils virent à travers leurs appareils photos les milliers de corps
Ils sentirent à travers les hommages déposés là nos âmes encore et pour toujours présentes
Seuls et désemparés, dans notre camp, ils se promenèrent
Leurs visages fermés semblaient vouloir s’excuser d’appartenir à l’espèce ayant organisé notre disparition
Durant ce court moment ils furent nous
Et pendant quelques instants nos cœurs ont battu à l’unisson
Maeva Lapierre