Henri Boni est un Juif d’origine bulgare fils de Levy Boni et Dona Hacher, né le 22 Janvier 1910 à Sofia. Il arrive (avec sa famille ?) en France à l’âge de 16 ans et effectue une demande de naturalisation en 1931. Nous supposons qu’il se rend à Vire après 1936, car il ne figure pas dans la liste nominative de 1936. Henri Boni réside à Neuville comme d’autres Juifs. Les listes et fiches de recensement indiquent qu’il travaille comme « employé de bureau » puis « mécanographe » à la SGE (Société Générale d’Équipements).
Alors qu’il est célibataire et vient tout juste d’avoir 33 ans, Henri Boni est arrêté (suite à une requête du Préfet du Calvados) le 19 février 1943 à l’Hôtel du Bocage (aussi appelé hôtel Bonion) à Neuville par les gendarmes de Vire. Il figure à notre connaissance comme le seul Juif de Vire à avoir été arrêté par ces derniers, les autres l’ayant été par les « autorités d’occupation ».
Le soir de son arrestation, un procès verbal de la gendarmerie de Vire comportant de nombreuses informations, notamment son signalement, est rédigé. Celui-ci très complet, dresse le portrait physique du nouveau détenu ainsi que les détails de son arrestation. De fait nous apprenons que lors de cette dernière, Henri Boni était seul. Les gendarmes n’ont uniquement trouvé après leur fouille, qu’une carte d’identité, une carte d’alimentation, un couteau de poche et 700 francs.
Quelques jours plus tard, le 2 Mars 1943, Henri Boni est déporté à Auschwitz avec 999 autres juifs, par le convoi n° 49 au départ de Drancy. Parmi eux, 881 seront immédiatement gazés à leur arrivée. Dans ce même convoi, 100 hommes sont sélectionnés afin d’être affectés au « sonderkommando ». D’après l’hypothèse de Véronique Chevillon (sur son site sonderkommando.info) Henri Boni aurait pu en faire partie. Son jeune âge, sa condition physique (il mesure 1m80) et la brièveté de son internement rendent cette hypothèse probable.
Le 11 Mars 1943 son employeur de la SGE rédige une lettre à l’attention du Préfet du Calvados dans laquelle il demande des explications concernant l’arrestation de son employé. Avec cette lettre, le Directeur Général de la SGE souhaite défendre Henri Boni. En effet, ce dernier fait l’éloge des qualités morales, et vante non seulement le travail, mais aussi les mérites de son salarié. Cette lettre est intéressante, car elle vient compléter une autre demande d’éclaircissement formulée par le sous-préfet le 3 avril et met en exergue l’absence d’initiative de la part des autorités allemandes…
Louise Macé